Le near-onshore émerge rapidement comme une nouvelle norme dans le paysage économique mondial, s’inscrivant dans un monde où l’externalisation s’étend à de nombreux secteurs et territoires. Les entreprises reconsidèrent leurs stratégies d’externalisation face aux perturbations récentes des chaînes d’approvisionnement mondiales.

En effet, cette évolution vers un modèle de delivery hybride combine les avantages de la proximité géographique avec une optimisation des coûts. La stratégie d’externalisation intelligente intègre désormais le nearshoring comme composante essentielle, permettant aux organisations de maintenir un contrôle plus direct sur leurs opérations tout en préservant certains avantages économiques. Par ailleurs, le concept de hybrid-shore gagne en popularité, offrant une flexibilité sans précédent aux entreprises qui cherchent à équilibrer risques et performances.

Cet article analyse pourquoi le near-onshore s’impose comme solution privilégiée, compare les différents modèles d’externalisation, et présente des exemples concrets de transformation organisationnelle. À travers cette exploration, nous verrons comment cette approche répond aux défis contemporains des entreprises en quête de résilience et d’agilité.

Les moteurs du changement vers le near-onshore

Les perturbations mondiales récentes ont catalysé un changement profond dans les stratégies d’externalisation des entreprises. La délocalisation, motivée par la recherche d’optimisation des coûts et de flexibilité, est l’un des moteurs majeurs de cette évolution. Ce virage vers le near-onshore s’explique par plusieurs facteurs déterminants qui redéfinissent les priorités organisationnelles.

La proximité géographique et la relocalisation permettent de mieux prendre en compte la culture et les spécificités françaises, facilitant ainsi la communication et la gestion des projets. Il est essentiel de bien comprendre la différence entre les types de délocalisation : offshore, nearshore et onshore, chaque type étant adapté à un projet ou une activité spécifique selon les besoins de l’entreprise.

Dans le cadre de la relocalisation stratégique, la gestion du travail et des travailleurs devient un enjeu central pour garantir la qualité et la conformité des opérations. Le choix du prestataire ou des prestataires doit également se faire en fonction du site ou du territoire d’implantation, afin d’optimiser la collaboration et la performance.

Il est crucial de bien définir le projet, le contrat et la relation avec le client pour assurer le succès des opérations near-onshore. Face à la complexité croissante, la recherche de conseil s’impose, d’autant plus qu’un nombre grandissant d’entreprises se tournent vers le near-onshore pour leurs activités.

Enfin, le Maghreb, et plus particulièrement le Maroc, l’Algérie et la Tunisie, figurent parmi les destinations nearshore privilégiées par les entreprises françaises, en raison de leur proximité géographique, culturelle et linguistique.

Crises logistiques et ruptures d'approvisionnement

La pandémie de COVID-19 a brutalement exposé la fragilité des chaînes d'approvisionnement mondiales. Les fermetures d'usines, restrictions frontalières et perturbations des transports ont engendré d'importants retards et pénuries [1]. L'incident du canal de Suez en mars 2021 illustre parfaitement cette vulnérabilité, ayant bloqué temporairement 369 navires et retardé environ 9,16 milliards d'euros d'échanges commerciaux quotidiens [1].

Ces disruptions ont provoqué une réévaluation fondamentale des modèles traditionnels de supply chain. Auparavant, ces chaînes étaient configurées pour livrer rapidement et économiquement aux clients, s'appuyant sur l'externalisation et les systèmes d'inventaire "juste-à-temps" [1]. Toutefois, cette complexité signifie que l'effet cumulé des perturbations peut prendre beaucoup de temps à se résorber.

Pressions environnementales et réglementaires

Parallèlement, les nouvelles exigences environnementales poussent les entreprises vers des modèles plus durables. Le règlement FuelEU Maritime, entré en vigueur le 1er janvier 2025, impose une réduction progressive de l’intensité des émissions de gaz à effet de serre, commençant à -2% en 2025 pour atteindre -80% en 2050 par rapport à la moyenne de 2020 [2].

De plus, l’Organisation Maritime Internationale (OMI) impose des exigences strictes concernant la réduction des émissions nocives, incitant les compagnies maritimes à chercher des moyens alternatifs de propulsion et des carburants moins polluants [3]. Pour répondre à ces nouvelles contraintes, les entreprises mettent en œuvre différents means, c’est-à-dire des moyens techniques ou organisationnels, afin d’adapter leurs activités et leurs infrastructures aux normes environnementales. Cette évolution réglementaire favorise naturellement les modèles d’approvisionnement plus proches géographiquement.

Volonté de relocalisation stratégique

Les préoccupations de sécurité nationale constituent un autre moteur majeur de cette tendance. Les gouvernements cherchent à réduire leur dépendance vis-à-vis des fournisseurs étrangers pour les biens essentiels, comme les fournitures médicales et les semi-conducteurs [4]. Dans ce contexte, le choix d’une société locale ou régionale pour la relocalisation stratégique joue un rôle central dans la sécurisation et la gestion efficace de la chaîne d’approvisionnement.

En outre, le protectionnisme commercial croissant contribue à l’essor de l’externalisation onshore. Contrairement à l’offshore, l’externalisation onshore permet un niveau supérieur de contrôle et un contact plus étroit entre fournisseurs et externalisateurs, augmente l’efficacité économique des ressources nationales et étend les chaînes de valeur locales [5].

La durabilité devient également un facteur clé dans la gestion de la chaîne d’approvisionnement. L’onshoring et le nearshoring peuvent considérablement réduire l’empreinte carbone associée aux transports longue distance, tandis que la conformité réglementaire aux normes environnementales est plus facile à atteindre avec une production locale ou régionale [4].

Comparaison des modèles : offshore vs near-onshore

Dans l’univers de l’externalisation, le choix entre offshore et near-onshore représente une décision stratégique cruciale pour les entreprises. Par exemple, une société française peut choisir d’externaliser ses activités informatiques en Inde (offshore) ou en Tunisie (near-onshore) selon ses priorités de coûts, de proximité ou de culture. Le choix du modèle dépend souvent du domaine ou des domaines d’activité de l’entreprise, ainsi que de la localisation du site ou de la location où seront réalisées les prestations. Le rôle du prestataire ou des prestataires est également déterminant dans la réussite de l’externalisation, tout comme la relation avec le client et l’importance du contrat pour encadrer la gestion des projets. On observe un nombre croissant d’entreprises qui optent pour le near-onshore, attirées par la large diversité des destinations possibles. Parmi les pays fréquemment choisis figurent le Maghreb (Maroc, Algérie, Tunisie), la Bulgarie, la Serbie, la Tchéquie, la Russie, Madagascar et l’Inde. Les termes onshore, offshore et nearshore proviennent de l’anglais et sont couramment utilisés dans le secteur pour désigner ces différents modèles. Enfin, il ne faut pas sous-estimer les défis liés à la collaboration avec des prestataires étrangers, notamment en ce qui concerne la communication interculturelle et la gestion des attentes.

Coûts directs et indirects

L’efficacité économique constitue un facteur déterminant dans toute décision d’externalisation. Le développement offshore affiche généralement des tarifs horaires entre 23,86 € et 71,57 € selon la région [6], tandis que les solutions onshore s’avèrent nettement plus coûteuses avec des taux horaires oscillant entre 95,42 € et 190,84 € [6]. Les salaires annuels suivent cette même tendance : 23 855,25 € à 66 794,71 € pour les développeurs offshore contre 76 336,81 € à 143 131,52 € pour leurs homologues onshore [6].

Néanmoins, au-delà des coûts directs (salaires, infrastructure, logiciels), les coûts indirects comme le recrutement, la formation culturelle et la communication doivent également être pris en compte [7]. Un nombre croissant d’entreprises intègre désormais ces coûts indirects dans leur stratégie d’externalisation afin d’optimiser leur planification et leur prise de décision. Par ailleurs, le nearshore offre un compromis intéressant avec des tarifs approximativement 46% inférieurs aux fournisseurs onshore [8].

Qualité de service et contrôle

En matière de qualité, le modèle nearshore présente un équilibre optimal. Effectivement, la proximité géographique facilite les réunions en personne et la supervision des projets [9], tout en réduisant les barrières culturelles et linguistiques qui peuvent entraver la collaboration dans un modèle offshore [10]. Pour le client, cette proximité permet une meilleure communication, un contrôle accru sur le déroulement du projet et une gestion plus aisée de la qualité des services.

De plus, travailler dans des fuseaux horaires similaires permet une communication en temps réel et une réponse rapide aux incidents  [8]. À l’inverse, l’offshore nécessite des processus plus structurés en raison des décalages horaires et des différences culturelles [11].

Flexibilité et scalabilité

Le modèle offshore excelle particulièrement en termes de flexibilité. Il offre un accès étendu aux talents internationaux et permet aux entreprises d’ajuster rapidement leurs équipes selon les besoins des projets [12]. Ce modèle permet également d’accéder à un plus grand nombre de travailleurs qualifiés à l’international, optimisant ainsi la gestion des ressources humaines. Cependant, cette approche peut être limitée par des difficultés de communication et des barrières culturelles [13].

En revanche, le nearshore propose une solution intermédiaire avec une bonne scalabilité et un meilleur alignement culturel [11],, ce qui en fait une option privilégiée pour les entreprises cherchant un équilibre entre coût et efficacité opérationnelle [14].

Risques géopolitiques et juridiques

Les risques géopolitiques constituent un facteur critique dans l'évaluation des options d'externalisation. Par conséquent, d'ici 2023, 65% des grandes entreprises adopteront une stratégie d'externalisation multi-pays [15].

L'instabilité politique, la corruption et le terrorisme peuvent significativement impacter la prestation de services [16]. De surcroît, les différences réglementaires entre pays affectent la protection des données et les droits de propriété intellectuelle [10].

Les entreprises nearshore bénéficient généralement de cadres juridiques plus robustes et d'une meilleure protection des données que leurs homologues offshore, tout en offrant davantage de flexibilité réglementaire que les solutions purement onshore [14].

Le near-onshore dans une stratégie d'externalisation intelligente

Pour mettre en œuvre une stratégie d’externalisation efficace, le near-onshore s’impose désormais comme un élément central du modèle opérationnel des entreprises modernes. Cette approche requiert une méthodologie structurée pour maximiser ses avantages. Il est également essentiel de solliciter un conseil spécialisé afin d’élaborer une stratégie d’externalisation near-onshore parfaitement adaptée à vos besoins.

Définir une stratégie externalisation adaptée

L’élaboration d’une stratégie d’externalisation pertinente commence par l’identification précise des objectifs commerciaux et des compétences essentielles à conserver en interne. Une recherche approfondie est nécessaire pour déterminer quelles fonctions peuvent être externalisées et pour identifier les partenaires ou prestataires potentiels adaptés à vos besoins. Ainsi, les organisations doivent évaluer attentivement quelles fonctions peuvent être externalisées sans compromettre leur avantage concurrentiel. Par ailleurs, une analyse complète des risques est indispensable, incluant l’évaluation des impacts potentiels sur les processus existants.

Choisir les bons partenaires nearshore

La sélection des partenaires nearshore nécessite une évaluation approfondie de leur expertise technique, leur stabilité financière et leur alignement culturel. Il est essentiel de choisir des prestataires disposant d’une expertise avérée et d’une bonne connaissance du marché

Intégrer le near-onshore dans un modèle global

L’intégration du nearshoring dans une stratégie globale exige l’établissement de processus de gouvernance clairs. Cela inclut la définition des rôles et responsabilités, des protocoles de communication et des mécanismes de résolution des problèmes. Il est essentiel d’adapter l’intégration du near-onshore à chaque projet afin de garantir la cohérence opérationnelle. En conséquence, les organisations peuvent maintenir une cohérence opérationnelle tout en bénéficiant de la flexibilité offerte par le near-onshore.

Vers une hybridation des modèles (hybrid-shore)

Le modèle hybrid-shore représente l’évolution naturelle des stratégies d’externalisation intelligentes. Cette approche combine judicieusement les avantages de l’onshore, du nearshore et de l’offshore selon les besoins spécifiques. Elle permet d’externaliser chaque activité vers la destination la plus adaptée, en tenant compte des exigences de gestion, de communication et d’efficacité. Effectivement, les entreprises peuvent conserver certaines fonctions critiques en interne tout en externalisant d’autres activités vers des destinations appropriées, créant ainsi un équilibre optimal entre contrôle, coût et qualité.

Études de cas : comment le near-onshore transforme les organisations

L'adoption du near-onshore se manifeste concrètement à travers diverses industries européennes qui réinventent leurs modèles opérationnels pour gagner en résilience et en compétitivité.

Secteur IT : relocalisation en Europe de l'Est

L'Europe de l'Est s'impose comme destination privilégiée pour le développement informatique nearshore, avec un marché ayant doublé ces huit dernières années pour dépasser 7 milliards d'euros [17]. La Pologne se distingue particulièrement avec plus de 430 000 professionnels IT [17], suivie par l'Ukraine (346 000) et la Roumanie (192 000) [18]. Cette région offre une qualité exceptionnelle, avec la Pologne classée 3ème mondial pour les compétences en programmation [19] et 1ère en Java [19]. Par ailleurs, les économies réalisées sont considérables - jusqu'à 70% comparé aux tarifs occidentaux [19].

Industrie : production déportée en zone euro

Le constructeur automobile BMW illustre parfaitement cette tendance en délocalisant une partie de sa production en Hongrie et République tchèque, avec notamment plus de 2 milliards d'euros investis dans son usine de Debrecen [3]. De même, Bosch a relocalisé certaines opérations en Hongrie et Slovaquie pour bénéficier de coûts réduits tout en maintenant des chaînes logistiques efficientes [3]. Cette stratégie s'intensifie, comme l'atteste l'augmentation de 62% des investissements nearshore en 2022-2023 par rapport à 2018-2019 [3].

Services clients : centres multilingues en Méditerranée

Le nearshoring des services clients permet d'accéder à des talents multilingues qualifiés tout en maintenant un alignement culturel [20]. Cette approche offre l'avantage des fuseaux horaires compatibles, permettant des réponses en temps réel [21]. En outre, la proximité géographique facilite la collaboration et permet une supervision plus efficace des opérations [21].

Conclusion

Le modèle near-onshore représente désormais bien plus qu'une simple tendance passagère dans l'univers de l'externalisation. Cette approche hybride s'impose comme une réponse stratégique aux défis contemporains des chaînes d'approvisionnement mondiales. Effectivement, les perturbations logistiques récentes ont démontré les limites du modèle offshore traditionnel, poussant les entreprises à reconsidérer leurs stratégies pour privilégier la résilience et la flexibilité.

La comparaison entre les différents modèles d'externalisation révèle que le near-onshore offre un équilibre optimal entre coûts et contrôle. Certes, cette approche peut sembler plus onéreuse que l'offshore pur, néanmoins elle permet de réduire considérablement les risques opérationnels tout en maintenant une qualité de service supérieure. Les entreprises adoptent donc une vision plus nuancée de l'externalisation, au-delà du simple critère de coût.

Les exemples concrets observés dans divers secteurs confirment cette évolution majeure. L'Europe de l'Est attire les projets informatiques tandis que les zones euro méditerranéennes accueillent centres de production et services clients. Ces transformations témoignent d'une mutation profonde des priorités organisationnelles.

À l'avenir, le modèle hybrid-shore continuera probablement de gagner du terrain, combinant judicieusement les avantages de chaque approche selon les besoins spécifiques des entreprises. Cette flexibilité permettra aux organisations d'adapter rapidement leurs opérations face aux incertitudes géopolitiques et économiques.

La proximité géographique, culturelle et temporelle qu'offre le near-onshore constitue donc un atout stratégique pour les entreprises soucieuses de bâtir des écosystèmes opérationnels résilients. Loin d'être une simple réaction défensive aux crises récentes, cette approche représente une vision proactive de l'externalisation, alignée sur les exigences de durabilité, d'agilité et de contrôle qui définissent l'économie mondiale actuelle.

Références

[1] - https://www.fticonsulting.com/insights/articles/supply-chain-disruption-risk-global-economic-recovery
[2] - https://transport.ec.europa.eu/news-events/news/new-eu-rules-aiming-decarbonise-maritime-sector-take-effect-2025-01-10_en
[3] - https://www.makerverse.com/resources/insights-and-trends/nearshoring-in-europe-advantages-and-challenges/
[4] - https://arc-group.com/strategy-onshoring-nearshoring/
[5] - https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0954349X21001077
[6] - https://www.linkedin.com/pulse/onshore-vs-offshore-development-pros-cons-cost-comparisons-twendee-kb4wc
[7] - https://roicallcentersolutions.com/blog/onshore-offshore-business-outsourcing-guide/
[8] - https://www.maximaconsulting.com/newsroom/offshore-vs-nearshore-vs-onshore-it-outsourcing
[9] - https://nearshore.keyrus.com/en/en/insights/differences-between-nearshore-offshore-onshore-and-other-service-outsourcing/
[10] - https://necodex.com/resources/onshore-nearshore-and-offshore-in-tech-taxes-benefits
[11] - https://www.aezion.com/blogs/onshore-vs-nearshore-vs-offshore/
[12] - https://dirox.com/post/nearshore-vs-offshore-vs-onshore-decoding-tech-talent-costs
[13] - https://jumpgrowth.com/nearshore-vs-offshore-vs-onshore/
[14] - https://ponticasolutions.com/what-is-onshore-nearshore-and-offshore-outsourcing-and-how-to-choose-the-best-option-for-your-business/
[15] - https://www.gartner.com/en/newsroom/press-releases/2019-11-19-gartner-says-organizations-must-review-outsourcing-ar
[16] - https://info.siteselectiongroup.com/blog/geo-political-risks-and-business-climate-of-nearshore-and-offshore-call-center-locations
[17] - https://neontri.com/blog/outsourcing-eastern-europe/
[18] - https://alcor-bpo.com/tech-hubs-in-eastern-europe-now-vs-future-landscape/
[19] - https://brainhub.eu/library/nearshoring-eastern-europe-top-locations
[20] - https://www.conectys.com/nearshoring-customer-support-outsourcing/
[21] - https://www.infosysbpm.com/blogs/customer-service/nearshore-customer-support-advantage.html

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